Dialogue social en panne ?

La négociation du « Pacte de vie au travail » est actuellement un échec ; rien n’est sorti d'une négociation, qui a duré plus de trois mois, entre partenaires sociaux et il n'y aura pas de nouvel accord national interprofessionnel (ANI). Pourtant, à quelques jours de la conclusion, la Fédération des CIBC avait réussi, dans son Grand Opéra de VICHY, à tous les réunir pour une table-ronde « courtoise » et « constructive », où des points de convergence semblaient apparaître, à tout le moins sur l'accompagnement des individus et de la sécurisation des parcours, notamment au regard des transitions et reconversions professionnelles. Les syndicats de salariés avaient tour à tour « zoomé » sur un certain nombre de positions, figurant dans leur Plateforme commune (téléchargeable ici) : • La création d'un « droit à la reconversion professionnelle » ; • La qualité dans les entretiens professionnels ; • L’abondement des moyens financiers affectés aux projets de transition professionnelle (PTP) ; • Le danger d’un « adéquationnisme » grandissant qui amoindrit la liberté de choix du salarié ; • Le risque d’un « appauvrissement de l'investissement dans la formation professionnelle » … Et il semblait se dégager un consensus sur l'accompagnement des chefs d'entreprise des PME et TPE et la création d'une « instance stratégique nationale multipartite », qui s'appuierait sur les travaux des observatoires de branches. Difficile dans ces conditions de prévoir l’ampleur des désaccords au sortir de la séance du 8 avril ! Pourtant, face au texte patronal proposé (téléchargeable ici), on retiendra, au-delà des divergences, les mots forts des négociateurs syndicaux : constat d'un « gâchis » et d'un échec « grave pour le paritarisme », pour les uns, à minima « déception » pour les autres, conviction d’un « rendez-vous manqué » pour tous. « Le patronat avait proposé un accord moins-disant partout » proteste, dans Le Quotidien de la Formation, une des négociatrices. Les propositions patronales de créer un « CDI seniors expérimental », d’ouvrir la possibilité de rompre le contrat du salarié en parcours de reconversion, de passer l’entretien professionnel de 2 à 5 ans et le refus de traiter les transitions professionnelles sur les fins de carrières et ont été particulièrement mal reçues ; sans même parler des blocages sur la création d’un « Compte Epargne Temps Universel (CETU) », auquel seul l’U2P s’est montrée favorable. Reste à savoir comment rebondir dans ces conditions et qu’est-ce qui pourrait encourager une reprise , pourtant indispensable, du dialogue social dans les mois à venir ? Restons attentifs et ouverts à tout ce qui pourrait le permettre, ne serait-ce que dans les Branches ou au plan d’initiatives territoriales innovantes.

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Nos brèves 2024

AMELIORER L'ACCOMPAGNEMENT DES CHEFS D'ENTREPRISE Quand on parle d’accompagnement – une des raisons d’être d’ADevComp – on parle généralement de celui des salarié(e)s pour le repérage et la reconnaissance de leur expérience, le développement de leurs compétences  et/ou leur reconversion ; on sait aussi l’importance à accorder à l’accompagnement de l’organisation et la performance de l’entreprise. Mais pense-t-on suffisamment à l’accompagnement du management et plus encore à celle du chef d’entreprise , notamment de PME ? Aujourd’hui, des chefs d’entreprise (de la CPME notamment)  et certains réseaux, comme le Groupe « Esprit d'entreprendre » (spécialisé dans l'accompagnement des dirigeants et porteurs de projet), se dressent contre « le tabou autour de l'accompagnement des chefs d'entreprise, qui sont souvent réticents à demander de l'aide par peur du jugement ». Les dispositifs d’aide et d’appui sont très mal connus des chefs d'entreprise  et l'information est dirigée en priorité vers les salariés. C’est ainsi, qu’un des administrateurs CPME du CIBC Isère-Savoie[1] fait ce constat : «  je connais beaucoup de chefs d'entreprise qui pensent par exemple que le bilan de compétences ne leur est pas accessible ». Le deuxième obstacle est économique, avec le plafonnements des financements au niveau des fonds d'assurance formation (FAF) des non-salariés. Et la troisième et peut être principale contrainte, c’est « le conseil aux dirigeants, grand oublié de la Réforme de 2018 » d’après cette même source CPME (qui milite par ailleurs pour des dispositifs innovants et mal connus tels que les « groupements de prévention agréés (GPA) » de soutien aux entreprises et à leurs dirigeants). ET LES MANAGERS ? En France, les formations aux managements ne manquent pas – le foisonnement n’étant pas  synonyme de transparence ni de garantie aux yeux des chefs d’entreprise qui les recrutent ! loin de là – mais la formation continue et/ou les parcours de développement de compétences dédiés ne semble pas forcément à la hauteur tant des attentes que des besoins. Dans une étude récente[2], on apprend que 7 répondants sur 10 indiquent avoir demandé une voire plusieurs fois à suivre une formation pour exercer leur nouvelle fonction. L’attente est là … Et le besoin est patent, au regard de charges de travail qui s’alourdissent et de fonctions qui se complexifient : « intégrer le management à distance (avec une plus grande attention portée à la santé mentale), faire face à l'émergence de la génération Z sur le lieu de travail, s'assurer de la cohésion d'équipes intergénérationnelles, ...», observe une des responsable de l’étude précitée. Au final, on remarquera que 27% des interrogé(e)s ont constaté « un manque de moyens et de soutien ». Le chantier est là, d’une belle ampleur ! [1]  Interviewé par Centre INFFO. [2]  Cf. Etude du cabinet de recrutement Robert Walters auprès de plus de 600 cadres en France réalisée au 2ème trimestre 2024, citée par Centre INFFO. L'INNOVATION SE CONSTRUIT SUR LE TERRAIN Depuis mai 2024, en Aquitaine, s’est mise en place une nouvelle modalité de formation d'auxiliaires spécialisés vétérinaires, en alternance , intitulée Nouvelle Aquitaine Santé Animale (NASA) portée par un consortium original avec le Centre de formation professionnelle…

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Conversation Professionnelle du 20/03/2024

Le 20 mars dernier a eu lieu notre Conversation Professionnelle avec, pour thématique, la "Formation En Situation de Travail". Une présentation est disponible ci-dessous, en format diaporama : Centre INFFO a réalisé un compte-rendu que vous pouvez télécharger en cliquant ICI.

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Editorial 2024

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« Ce qui nous empêche de changer, ce ne sont pas seulement nos doutes mais bien plus souvent nos certitudes… » (Sénèque) Après les années que nous avons traversées au ralenti, 2023 a offert à la reconnaissance sociale et professionnelle de l’expérience et des compétences un nouveau souffle : de nombreuses expérimentations et des références nouvelles ou renouvelées l’ont permis. Notre association y a pris sa part, comme elle avait su au préalable se positionner dans la construction et le déploiement des nouvelles Normes AFNOR sur les compétences, ainsi que la promotion de la Formation En Situation de Travail (FEST) ou du nouveau ROME 4.0. Nous avons donné la parole à celles et ceux qui expérimentent comme aux représentant(e)s des institutions qui les promeuvent ou les encouragent, tant dans le cadre de la « nouvelle VAE » que de la « Reconnaissance ouverte » (et des « Badges numériques »), tout en allant, partout où cela a été possible, à la rencontre des acteurs du monde de l’entreprise et de ses attentes et besoins en la matière : nos « Conversation professionnelles » et notre « Université d’automne » en témoignent, ainsi que notre participation active au Comité national des acteurs des badges numériques, dont nous avons fait nôtre l’objectif de « promouvoir l’économie de la connaissance et la société de la reconnaissance », mis en avant à l’occasion d’un Colloque fondateur au CESE. Il n’en demeure pas moins de nombreuses questions à faire avancer, non pas seulement pour consolider les expériences (et les nouvelles pratiques sociales dont elles sont porteuses) mais surtout pour que l’on commence à assister à un véritable changement de paradigme : la prise en compte des nouvelles reconnaissances, formelles et non formelles, dans la vie des entreprises et des associations et dans le dialogue social territorial et de branches. Nous sommes heureux d’avoir ouvert une fenêtre sur cette perspective, à l’occasion de notre Université du 29 novembre 2023. Mais nous sommes, comme nos partenaires d’ailleurs, soucieux de la façon dont il va s’agir d’accompagner les acteurs engagés sur le terrain face à tel enjeu. Comment la « nouvelle VAE » peut-elle réussir là où la VAE traditionnelle n’avait pas brillé jusque-là ? Comment des entreprises de toutes tailles (et pas seulement de grands groupes) pourront-elles « mettre à leur main » une dynamique de reconnaissance ouverte, innovante, s’appuyant en particulier sur la construction d’« open badges », qui viennent répondre concrètement à leurs besoins d’identification, de cartographie et de mobilisation des expériences et des capacités de leur personnel (permettant de la sorte de les fidéliser ou d’enrichir leurs possibilités de parcours professionnels) ? Mais posons-nous également la question : comment la F.E.S.T. et les logiques d’ « organisations apprenantes » pourraient-elles être des terrains privilégiés de construction et de déploiement de modalités de reconnaissance ouverte ? Et enfin, nous souhaitons, avec tous les partenaires qui partagent nos réflexions, tenter de « challenger » les institutions (Etat et Collectivités territoriales) et le paritarisme des Branches professionnelles…

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